Jacques raconte

Episode no 1

Effet déclencheur

Dans le courant du mois d’août 1978, Claudine Baudois et Brigitte Wider, toutes deux jeunes mamans, se sont rencontrées dans le quartier d’Arruffens à Romont lors d’une promenade avec leur bébé (Nicole et Céline). Après avoir fait connaissance, elles ont notamment discuté au sujet des activités de leurs maris. Jacques Baudois était plutôt un adepte du vélo et Marcel Wider de la course à pied. Sur le plan professionnel, provenant de Fribourg, Marcel (24 ans) exerçait, à l’époque, la fonction de gendarme nouvellement rattaché au poste de gendarmerie de Romont et Jacques (25 ans) venait d’être promu inspecteur de sinistres auprès d’une compagnie d’assurances.

Avant de se quitter, Claudine et Brigitte ont comploté pour organiser une rencontre entre leurs maris pour une sortie à vélo du fait que Marcel venait de vendre le vélomoteur de son épouse pour s’acheter un vélo de course. Cette précision aura toute son importance : Jacques et Claudine occupaient l’appartement au troisième étage de la Condémine 3 et Marcel et Brigitte celui du premier étage de la Condémine 1.

Rte de la Condémine 1 et 3

Episode no 2

Premier défi

Le 15 août 1978, Jacques et Marcel, deux immigrés ayant trouvé refuge dans la banlieue romontoise, avec la complicité de leurs épouses, se sont donné rendez-vous devant l’immeuble de la Condémine,  pour une balade à vélo.  Cette sortie a constitué le premier ciment d’une sincère et longue amitié.

Au fil des kilomètres direction la Gruyère, Jacques et Marcel firent connaissance et échangèrent sur le vélo et la course à pied. Il faut dire qu’à cette époque, courir en était à ses balbutiements et constituait le seul objectif pour les adeptes, quasiment que des hommes, qui se préparaient pour la course commémorative de Morat-Fribourg.

Rejoints par leurs familles, la discussion s’est poursuivie lors du pique-nique dans le Gibloux et chacun a transmis à l’autre sa passion. A l’époque, la course à pied était pratiquée par des adeptes de la fameuse course Morat-Fribourg qui constituait un événement incontournable non seulement en terre fribourgeoise mais dans toute la Suisse. A la fin de la journée s’est dessiné un défi pour Jacques, celui de participer le 1eroctobre 1978 à son premier Morat-Fribourg. Immédiatement, Jacques et Marcel se donnèrent rendez-vous deux jours plus tard, soit le 17 août 1978, pour un premier entraînement : c’était le début de la préparation du 45ème Morat-Fribourg.

Pour Jacques, un ancien fumeur, après avoir parcouru quelques centaines de mètres, ce fut rapidement le calvaire avec une respiration désordonnée et surtout des jambes qui perdaient toute leur souplesse. Ce premier entraînement ne constitua pas une partie de plaisir mais donna suite à d’autres sorties toujours plus longues ; ceci à raison de deux séances par semaine jusqu’au grand jour.

Au matin du 1er octobre 1978, Jacques, qui ne cachait pas son appréhension de voir autant de coureurs, et Marcel, qui avait déjà participé à cette course, ont pris le départ ensemble pour effectuer, côte à côte, les 17,350 km séparant Morat de Fribourg en 1h 18’ 07’’ pour l’un et 1h 18’ 23’’ pour l’autre; ce qui constituait un excellent temps, surtout pour Jacques qui n’avait qu’un mois et demi d’entraînement. Ces exploits ne sont pas restés sans suite.

Jacques Baudois et Marcel Wider

Episode no 3

L’effet de contagion

Fascinés d’avoir participé à cette course incroyable, remportée par Markus Ryffel et Marijke Moser, dont l’arrivée avait été jugée à la rue St-Pierre depuis 1977 (jusqu’en 1995), Jacques et Marcel se sont donnés rendez-vous la semaine suivante pour un entraînement de récupération ; histoire de revivre cet événement fabuleux qu’ils ont vécu ensemble, un peu dans la douleur que l’euphorie a vite dissipée.

Rapidement, les séances d’entraînement se succédèrent, parfois le lundi, parfois le mardi et nos deux compères partaient chaque fois de la place de parc de la Condémine pour s’évader tout d’abord dans le quartier d’Arruffens puis dans les alentours de Romont. A l’issue de chaque sortie qui se terminait par une petite séance de récupération, Jacques et Marcel intriguaient quelques voisins, en particulier  Jean-Claude Rossier, Jean-Marie Currat et Albert Pochon (ami d’enfance). Ces voisins de palier, aux horizons divers, avaient déjà fraternisé avec Jacques depuis quelques années, notamment pour peller la neige en hiver ou encore taper dans le ballon sur la pelouse devant l’immeuble à la bonne saison.

De fil en aiguille, Jean-Claude, Jean-Marie et Albert se laissèrent convaincre de rejoindre les deux coureurs chaque semaine pour une séance d’entraînement. Dès la fin octobre 1978, chaque lundi soir, le petit peloton partait de l’immeuble pour une bonne heure d’entraînement dans le quartier d’Arruffens, sur le terrain herbeux de la Condémine durant l’hiver (pour préparer les cross) ou ailleurs. Au fil des sorties, les cinq coureurs se lièrent d’amitié et se fixèrent un objectif proposé par Jacques ; celui de participer au Cross d’Estavayer-le-Lac du 28 janvier 1979, organisé par le Sporting Club Broyard.

L’équipe s’agrandit !

Episode no 4

Premier contact avec la compétition

Le Cross d’Estavayer-le-Lac était, à l’époque, un rendez-vous important des coureurs à pied en guise de préparation de la nouvelle saison. Le parcours, composé d’une boucle à franchir à plusieurs reprises, était tracé dans une zone herbeuse, quelque peu boueuse, en périphérie de la ville, à l’ouest de la ligne de chemin de fer, au lieu-dit chemin des Marais.

Dimanche 28 janvier 1979, en fin de matinée, Jean-Claude, Jean-Marie et Jacques quittèrent Romont pour la cité de la Rose alors que le temps est froid et humide (Marcel absent pour des raisons professionnelles). Après un petit échauffement sur ce parcours particulièrement lourd, les coureurs romontois se joignirent au peloton constitué d’une centaine de coureurs. A peine le départ donné, après quelques dizaines de mètres, Jean-Claude, qui semblait ne pas pouvoir suivre le rythme effréné dicté par le peloton, se retourna et constata que seul Jean-Marie fermait la marche. Alors que Jacques parvint à terminer la course dans le peloton des poursuivants, Jean-Claude et Jean-Marie s’armèrent de courage pour terminer la course. Exténué, Jean-Claude se déroba après avoir effectué quelques tours tandis que Jean-Marie, à l’agonie couvert de boue, termina son calvaire en solitaire. Nous pouvions lire sur leurs lèvres : plus jamais ça ! Comble de malheur : ces vaillants coureurs n’eurent pas l’honneur de figurer dans la liste du classement…

Pour couronner cette première sortie officielle de la mini-équipe romontoise, nos valeureux coureurs reçurent de l’organisateur, en guise de récompense, une « tête de choco » (à l’époque « tête de nègre »). L’histoire ne dit pas si la mousse onctueuse et légère de ce produit Villars dégageait une certaine amertume !

Cette première (més)aventure vers les courses pédestres n’a pas refroidi les ardeurs des coureurs de la Condémine. Ils poursuivirent la pratique de la course à pied en participant fidèlement aux entraînements en vue de la première édition de la Kerzerslauf (15 km) du 10 mars 1979.

Pourquoi ne pas reprendre, à la lettre, le commentaire du livre d’or rédigé après la course :

Après un sérieux apprentissage, un certain 28 janvier 1979, la petite équipe de coureurs à pied emmenée par Jacques est Marcel n’a pas désespéré. Elle s’est présentée au départ d’une course de 15 km à Chiètres le 10 mars où  le sourire plus ou moins forcé d’avant le départ ne s’est pas à nouveau manifesté jusqu’au passage de la ligne d’arrivée qui fut franchie par Jacques, Marcel, Jean-Claude et Jean-Marie. Quant à Albert, pour cette première, il fut l’auteur de cette belle image.

Les jours, les semaines, les mois s’écoulèrent, les entraînements se multiplièrent et le niveau de chacun prit le chemin de la progression et du plaisir de courir. Un petit noyau d’adeptes de la course à pied prend forme : l’équipe de Romont naquit dans la bonne ambiance, la camaraderie et une amitié sincère. 

De la fierté sur la ligne !
Albert Pochon

Episode no 5

Après un printemps 1979 en apprentissage, voici l’automne décisif

Dopés par les performances de la Kerzerslauf, les entraînements ont redoublé d’intensité et sous l’impulsion de Jacques, la délégation romontoise, au complet, se présenta au départ de la Course pédestre populaire du Chalet-à-Gobet, longue de 18 km, du 28 avril 1979. Noyés dans un peloton de 230 athlètes, y compris une douzaine de dames, nos 5 coureurs découvrirent un parcours assez accidenté en partie en forêt en direction de Froideville, Cugy, Planches avant de revenir sur la grande place de parc où était érigée l’enceinte du départ/arrivée. L’après-course permit à chacun de se motiver pour la suite de la saison (Jacques 1h11’28’’, Marcel 1h16’10’’, Jean-Claude 1h19’43’’, Jean-Marie 1h34’05’’ et Albert 1h37’36’’).

Le 24 mai 1979, l’équipe romontoise prit le départ de la Course des 3 Ponts à Broc en franchissant la ligne d’arrivée dans le même ordre, sauf qu’Albert se hissa devant Jean-Marie à 3 secondes. Cette magnifique course (déjà à l’époque) permit à Thérèse Godel et Gisela Wattendorf de s’imposer dans la catégorie des dames. Après la course, toute l’équipe profita du beau temps pour prendre un pique-nique bien mérité avec leurs familles accourues en spectateurs.

Durant l’automne 1979, avec courage mais autant de plaisir, les cinq pionniers allèrent avec beaucoup de réussite et de satisfaction se présenter au départ de nombreuses courses ici et là. Jacques et Marcel terminèrent  aux 92 et 128 ème rangs du Trophée des Paccots (330 classés) du 2 septembre avant de récidiver au 58ème Tour de Lausanne le 23 septembre avec Albert et Jean-Marie qui profitèrent, grâce à un balisage déficient, d’écourter leur pensum de quelques hectomètres.

Dimanche 7 octobre 1979, ce fut le verdict d’une saison bien chargée avec la participation à la Course commémorative de Morat-Fribourg. Si Jacques et Marcel avait déjà vécu cette expérience l’année précédente, Jean-Claude, Jean-Marie et Albert vécurent leur première aventure sur ce parcours très exigeant de la plus ancienne et la plus importante course pédestre de l’époque. Côté résultat, grande satisfaction avec Jacques en 1h09’56’’, Marcel en 1h10’49’’, Jean-Claude en 1h22’22’’, Albert en 1h34’01’’ et Jean-Marie en 1h35’04’’.

L’après-course fut couronnée d’un excellent repas préparé par les parents de Brigitte Wider à Bourguillon, moment très convivial qui permit de revivre mais surtout de fêter cette formidable aventure dans l’euphorie.

À peine remis de toutes ces émotions, les cinq amis de la course à pied participèrent à la 2ème Course Payerne-Romont (17 km et 350 m dénivellation) pour améliorer les performances de Morat-Fribourg et surtout vivre une arrivée en cité romontoise dans l’ordre suivant : Jacques 1h08’25’’, Marcel 1h12’22’’, Jean-Claude 1h20’32’’, Albert 1h30’05’’ et Jean-Marie 1h32’44’’.

La fin de la saison permit aux mousquetaires de se joindre au peloton du 3ème Trophée de la Vallée du Flon le 4 novembre et à celui de la 4ème édition de la  Corrida Bulloise du 24 novembre en respectant les ordres d’arrivées pour terminer l’année le 7 décembre à la 3ème édition A Travers Payerne.

Episode no 6

Naissance du Club Athlétique Condémina (CAC)

Premier Logo du CAC Romont

Durant l’automne 1979, les coureurs de la Condémine participèrent à diverses courses régionales qui laissèrent des souvenirs mémorables. Albert et Jean-Marie se souviendront encore longtemps d’avoir risqué un raccourci A Travers Lausanne, Jean-Claude marqua sa présence par ses grandes chaussettes rouges jusqu’à hauteur des genoux, Marcel pour sa nomination officieuse de « gendarme à mi-temps en raison de ses activités sportives intensives et Jacques pour avoir eu les jambes coupées après avoir franchi le premier tour A Travers Payerne en tête du peloton.

A l’issue d’une saison chargée, les compères, toujours assidus aux entraînements, eurent droit à un trait de caractère :

Marcel : caractère d’acier à l’entraînement, Poulidor du classement CAC, Marcel fut l’un des pionniers de l’ère avant CAC. Il communique la fièvre au fil des mois, autour de lui.

Marcel

Albert : caractère discret, il doit parfois illustrer effort avec un grand E pour parvenir à l’accomplissement de l’objectif CAC.

Albert

Jean-Claude : caractère généreux et ambitieux, Jean-Claude a qualité de membre assidu malgré ses tâches professionnelles relativement lourdes.

Jean-Claude

Jean-Marie : caractère charmeur pour ces dames ou plus justement le bonheur de ces dames, il est l’athlète « le bien-aimé » du CAC.

Jean-Marie

Jacques : caractère soucieux, actuel leader du classement CAC, Jacques sut convaincre son entourage à son sport favori pour les rassembler sous le sigle CAC.

Jacques

L’amitié, la complicité, la convivialité s’emparèrent des amis de la Condémine contaminés par le virus de la course à pied. Sur convocation de Jacques, le team complété par l’arrivée de Gérard Chammartin, se réunit le samedi 1er mars 1980 à 19.30 heures au domicile de Jean-Marie en assemblée constitutive du CAC (Club Athlétique Condémina). Le projet de statuts préparé par Jacques fut acclamé, les cotisations fixées à CHF 20.00 pour les membres fondateurs et à CHF 50.00 pour les nouveaux membres et le comité se constitua avec Jacques à la présidence, Jean-Marie au secrétariat et à la caisse et Marcel à la responsabilité technique.

Les fondateurs

Après l’assemblée, tous les membres fondateurs rejoignirent leurs épouses chez Marcel et Brigitte qui avaient préparé un buffet froid ainsi qu’un magnifique gâteau avec décoration de circonstance pour fêter dignement la naissance du Club Athlétique Condémina Romont (CAC Romont).

Episode no 7

Première sortie à vélo

Fiers d’avoir fondé leur club, les athlètes de la Condémine retournèrent à Chiètres le 22 mars 1980 pour participer à la 2ème Kerzerslauf dans un imposant peloton de 675 participants. Cette course qui connut un succès grandissant fut remportée par une légende de la course à pied : Albrecht Moser en 40’20’’, devant Toni Funk à 11 secondes. Chez les dames, la victoire sourit à Ingrid Graf en 59’25’’. Côté CAC Romont, Jacques occupa  le 118ème rang en 57’59’’, Marcel le 163ème en 1h 00’00’’, Jean-Claude (Rossier) le 332ème rang en 1h 06’57’’, Albert (Pochon) le 504ème rang en 1h 15’46’’ et Jean-Marie (Currat) le 558ème rang en 1h 20’10’’. Après la course, toute l’équipe se donna rendez-vous au restaurant de la Gare à Domdidier (exploité par Félix,  oncle de Marcel) pour partager un repas de convivialité ; ce qui deviendra une tradition durant de nombreuses années.

Jacques et Marcel poursuivirent leur mano à mano en participant tout d’abord  à la Course pédestre populaire du Chalet-à-Gobet du 27 avril 1980 (18 km) en se classant respectivement au 37ème rang (1h 10’26’’) et 59ème rang (1h 12’40’’), suivis d’Albert en 1h 30’33’’ et Jean-Marie en 1h 36’50’’.

Le week-end suivant, les deux compères participèrent à leur première course de montagne, Montreux – Les Paccots, sur une distance de 18,5 km, avec 650 m de dénivellation. Sur 276 participants, Jacques obtint le 68ème rang avec 1h 19’27’’ et Marcel le 70ème rang avec 1h 19’33’’. A noter que les trois premières places furent occupées par Max Little (Australie) en 1h 02’38’’, Anton Gorbunow (Allemagne) en 1h 04’30’’ et Daniel Maxsom (Angleterre) en 1h 04’39’’. Il est vrai qu’à l’époque, les courses pédestres organisées en Suisse, en particulier les courses de montagne, étaient très convoitées par les étrangers.

Durant la première moitié de l’année 1980, les athlètes du CAC ont connu des fortunes diverses à la 6ème Course des 3 Ponts du 15 mai, au 5’000 m sur piste au stade de Bouleyres le 23 mai, à la 20ème Waldlauf Bern – Bethlehem du 31 mai ou encore à la Course sur route de Belfaux du 22 juin.

Dans sa deuxième séance du 26 mai 1980, le comité, composé de Jacques (président), Marcel (organisation externe) et Jean-Marie (secrétaire-caissier), décida d’organiser une sortie à vélo fixée au 5 juillet 1980, en souhaitant qu’elle puisse avoir lieu chaque année. Dans le procès-verbal, il est mentionné notamment :

  • le but de la course doit rester secret ;
  • le départ aura lieu devant l’immeuble de la Condémine 3 à 08.30 heures précises ;
  • la tenue sera, si possible, celle d’un coureur cycliste ;
  • 25 km sont à parcourir avec décontraction ;
  • course chronométrée « contre la montre »  d’environ 5 km avec départ et arrivée au même endroit ;
  • ensuite 10 km sont à parcourir en peloton ;
  • 2 km comptant pour le grand-prix de la montagne devront être accomplis par nos vaillants cyclistes ;
  • à l’arrivée, on déposera les bécanes et l’on participera à un jeu et ceci, sans que la montre ne s’arrête ;
  • enfin, lorsque les esprits se seront quelque peu calmés, une épreuve athlétique dite de rattrapage sera organisée.
  • Le classement final sera établi de la manière suivante : temps course contre la montre + temps grand-prix de la montagne + ou – bonification suivant le classement de l’épreuve spéciale

Les organisateurs Jacques et Marcel remirent le challenge (channe en étain à gagner définitivement après 3 victoires) à Jean-Marie Chollet qui remporta cette première édition devant Gérard Chammartin et Jean-Marie Currat.

Cette première sortie permit aux fondateurs du club de passer un moment de détente très apprécié avec leurs familles au cours d’un pique-nique sur les hauteurs des Sciernes d’Albeuve. Cette journée permit aussi au nouveau venu, Louis Geniat (qui nous a quitté l’année dernière) de s’intégrer dans le club et à tous les actifs de présenter le premier maillot  blanc du CAC avec logo, sponsorisé par Benoît Sport Romont, magasin d’articles de sport qui a disparu il y a longtemps. Cet équipement marqua un moment très important de la vie du club puisqu’il symbolisa l’appartenance à une équipe de coureurs à pied qui cultiva la pratique de ce sport dans l’amitié tout en privilégiant l’harmonie du sport avec l’environnement social.

Episode no 8

Fin de saison 1980 chargée !

Les coureurs de la Condémine, dopés par cette magnifique sortie à vélo, poursuivirent les entraînements avec une certaine assiduité dans l’optique de participer à la course aussi légendaire qu’appréhendée : Morat Fribourg du 5 octobre 1980. Fière de représenter le CAC, toute la bande, ou presque, participa à cette course légendaire et chacun s’est imprégné des vives sensations de cette course aussi éprouvante que fabuleuse. Pour cette édition, Nicolas Fasel, Jean-Luc Dénervaud et Bobbi Beutler, tous romontois, vinrent renforcer l’équipe du CAC qui eut le plaisir, après l’effort, de déguster, avec les familles, le succulent jambon préparé par Marcel et Brigitte dans la cabane forestière de la Montagne de Lussy. Cette journée inspira Jean-Marie Currat suite à son premier Morat-Fribourg : En ce jour du Seigneur qui nous a permis de nous rencontrer pour fraterniser dans l’effort et renforcer une amitié que je souhaite la plus longue possible.

Côté performance : Jacques 1h 07’13’’, Marcel 1h 11’41’’, Joseph Gisler 1h 21’06’’, Jean-Claude Rossier 1h 21’22’’, Jean-Marie Chollet 1h 14’18’’, Albert Pochon 1h 28’03’’, Louis Gueniat 1h 29’34’’, Jean-Louis Joner 1h 29’53’’.

Lors de la séance du comité du 22 octobre 1980, Albert et Jean-Claude proposèrent l’introduction d’amendes aux membres empêchés de participer aux entraînements. L’expérience démontrera rapidement que les initiateurs de cette sanction déchantèrent lorsqu’ils durent payer la facture. Après 40 séances d’entraînement, Albert dut s’acquitter d’une amende de 85 francs pour 17 absences et Jean-Claude de 50 francs pour 10 absences. Pas la peine de souligner que cette disposition fut rapidement abrogée sur injonction des personnes qui l’avaient exigée.

Le CAC prit régulièrement de la bouteille et dut rapidement faire face à de nombreuses demandes d’adhésions. Ces requêtes étaient soigneusement analysées. En compulsant certaines archives, j’ai retrouvé un formulaire relatif à la demande d’adhésion sur laquelle les membres devaient impérativement répondre aux questions suivantes : Je m’oppose à cette adhésion : oui / non, je suis favorable à cette adhésion : oui / non, après un temps d’essai : oui / non, autres remarques.

Le 26 octobre 1980, les athlètes du CAC ne manquèrent pas de participer à la course Payerne – Romont, course revanche du Morat-Fribourg telle que l’ont préconisé certains journalistes sportifs (même longueur et mêmes difficultés). Cette course permit à l’ensemble des membres du CAC d’améliorer leurs résultats avec Jacques meilleur romontois et vainqueur de la coupe du même nom (citation de Jean-Marie Currat).

La saison se termina par la participation de 8 athlètes du CAC au 4ème Trophée de la Vallée du Flon du 2 novembre 1980 dans la campagne de la Veveyse où s’invitèrent une bise sibérienne et du brouillard à « brouiller » les pistes. La dernière épreuve officielle prévue au programme du CAC emmena les coureurs romontois à la Corrida bulloise le 29 novembre 1980, sur un parcours recouvert d’une belle quantité de neige. Dans le livre d’or, Jean-Claude Rossier dévoila une première qui restera à jamais une exception : il faut dire que notre ami Marcel, souffrant quelque peu de l’absence de Jacques (au service militaire) abandonna au deuxième tour quelque peu découragé par ses nombreuses glissades.

En cette fin d’année, sur proposition du comité, la décision fut prise d’instaurer une trêve hivernale en suspendant l’entraînement du 1er décembre au 31 janvier pour permettre aux valeureux coureurs de prendre un repos en s’inspirant de cette maxime : progresser, c’est aussi se reposer mais aussi recréer l’envie et la motivation.

Episode no 9

Adhésion à la Coupe du journal La Gruyère

Durant l’année 1980, Jacques participa à plusieurs courses en Gruyère comptant pour la coupe gruyérienne, s’autorisant ainsi une exception puisque ce classement concernait uniquement les membres des clubs du district de la Gruyère. Au classement final de la coupe gruyérienne 1980, remporté par Pierre-André Gobet de la SFG Bulle devant Michel Marchon (SFG Broc) et François Pittet (SC Bouloz), Jacques occupa le 15ème rang sur 48 avec 177 points.

La Coupe gruyérienne a été créée en 1977 par le Sporting Athlétisme Bulle et par les FSG de la Gruyère sur une idée de Pierre-Noël Bapst et Maurice Perrinjaquet. Elle a pour idéal de promouvoir la pratique de la course à pied dans le sud du canton de Fribourg comme sport pour tous et comme sport de compétition.

Fort de cette magnifique expérience vécue en 1980, le président Jacques organisa une assemblée extraordinaire du CAC qui réunit 9 membres (un seul excusé) le 19 janvier 1981. A l’ordre du jour de cette assemblée, les membres durent prendre une décision importante, celle d’introduire le CAC dans le giron de la coupe gruyérienne, non sans certaine réticence de la part de ceux qui voyaient leurs habitudes se modifier.

Voici l’intégralité du procès-verbal rédigé par Jean-Marie :

La séance débute à 20 heures 20 par une entrée en matière exposée par notre président sur la participation éventuelle du CAC à la coupe gruyérienne. Coco (Jean-Claude Rossier) se fait le porte parole des membres qui ont une certaine crainte de voir multiplier le nombre des courses aux quelles les membres du club devraient se soumettre. Sur ce point, Jacques pense qu’il y aura lieu d’accentuer notre participation sur des courses prévues dans la coupe gruyérienne et de laisser tomber d’autres courses auxquelles nous étions déjà habitués. Le programme des courses sera choisi à l’assemblée générale.

Cette inscription à la coupe gruyérienne est finalement acceptée à l’unanimité et ce en laissant à chaque membre l’entière liberté de s’y inscrire.

Au cours de cette assemblée, Jacques et Marcel soulevèrent l’idée d’organiser une course CAC et celle de revoir l’effectif des membres (bloqué encore à 10). L’esprit d’ouverture s’installa gentiment dans les rangs du nouveau club romontois de course à pied. Ces deux points seront intégrés dans l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale programmée le 16 février 1981.

Cette assemblée extraordinaire permit aussi de soulever les points suivants :

° reprendre l’organisation du Tour des Remparts : en principe négatif
° revoir le problème des amendes lors de la prochaine assemblée

Episode no 10

Première tentative de forcer le verrou du club fermé et première Course en Forêt

Les 10 athlètes du CAC furent conviés à l’assemblée générale du 16 février 1981 afin de se prononcer, notamment,  sur l’adhésion de nouveaux membres. La question fut largement débattue et permit à de nombreux participants de prendre la parole. Voyez plutôt les interventions relatées dans le procès-verbal :

  • Coco (Jean-Claude) est partisan de rester à 10 membres, éventuellement de passer à 12 car une augmentation de l’effectif suscitera trop de contraintes lors des sorties familiales ;
  • Louis (Gueniat) est également favorable à cette idée et il pense qu’il sera toujours difficile de réunir tout le monde. Louis propose de faire éventuellement un essai avec un plus grand nombre de membres et rejoint de facto les idées émises par Coco ;
  • Jo (Gisler) rejoint également les idées précédentes ;
  • Gérard (Chammartin) est également du même avis et estime que ce point devrait être précisé dans les statuts. Il propose que des sportifs pourraient s’entraîner avec le club pendant une année, à titre d’essai, avant de faire partie du club ;
  • Par contre, Jean-Marie II (Chollet) aimerait que notre exemple permette d’attirer certains jeunes qui auraient la possibilité de s’entraîner avec le club.
  • Jean-Louis (Joner) rejoint également les idées précédentes. Il s’agit selon lui de respecter l’idée q ui est à la base de la fondation du club.

Finalement, cette question fut simplement renvoyée aux calendes grecques.

L’assemblée revint sur la question des amendes pour les supprimer et prit la décision d’acheter le premier équipement sous forme de training et de se séparer de Gérard Chammartin qui dut mettre un terme à sa carrière de coureur à pied en raison de problèmes à un genou.

Comment vous décrire cette formidable ambiance qui régnait au CAC ? Comment manœuvrer pour faire place à la liste d’attente de toutes les demandes d’adhésion ? L’ambiance fut vraiment amicale et chaleureuse et les coureurs du CAC éprouvèrent la joie de se rencontrer que ce soit lors des entraînements et des courses durant toute l’année. Quant au vœu du comité d’ouvrir le CAC à toutes personnes souhaitant y adhérer, ce ne fut que partie remise, histoire de trouver le moyen de convaincre la majorité des membres.

Le 28 septembre 1980, quelques adeptes du CAC participèrent au test Morat-Fribourg organisé par Bouna (Bernard Struby) et le CAF. Une vingtaine de coureurs s’élancèrent ainsi sur les 4 boucles du sentier Grutli. Ainsi, mûrit petit à petit, durant des semaines et des mois, l’idée de mettre sur pied une course pédestre organisée par le CAC. Des discussions d’échelonnèrent au cours de rencontres (entraînements, courses) si bien que, finalement, alors même que certaines démarches avaient déjà été entreprises par les deux compères Jacques et Marcel, le projet fut porté devant l’assemblée extraordinaire du 10 août 1981. A l’unanimité, les membres du CAC laissèrent les mains libres aux fervents promoteurs qui s’engagèrent corps et âme pour l’organisation de la 1ère Course en forêt fixée au 27 septembre 1981. Très vite, ils s’adonnèrent à repérer un parcours à la Montagne de Lussy sans oublier de s’enquérir de conseils de plusieurs spécialiste. Dès que le parcours pour les catégories « élites », vétérans, juniors et dames de 14,7 km et celui pour les dames populaires et enfants de 4,3 km furent arrêtés, Marcel prit les devants sur le plan technique (parcours à la Montagne de Lussy, autorisation avec l’armée, ravitaillement) et Jacques sur le plan administratif (libretto, chronométrage Louis Gueniat, résultats, invitations).

Le libretto-programme de 16 pages avec 19 clichés publicitaires, préparé par Jacques et Claudine, mentionna : dernier test avant Morat- Fribourg et la plume du président Jacques s’exprima comme suit sur la première page intérieure : Fondé il y a juste un an, par une équipe de copains amoureux du même sport, notre club, baptisé CAC Romont, a déjà pris l’initiative d’organiser une cours à pied dans cette région merveilleuse qui est la Montagne de Lussy. Grâce à la bonne volonté de chaque membre et aux judicieux conseils de quelques personnes expérimentées, nous pouvons assurer à chaque coureur que nous avons tout mis  en œuvre pour qu’ils gardent de cette première édition un très bon souvenir. Cette course, nous l’avons intitulé dernier test avant Morat-Fribourg. Dans cette optique et avec comme objectif principal de ne pas trop vous faire souffrir, nous avons opté pour un parcours très peu accidenté à 90 % en forêt et sans trafic routier. Ayant pu compter sur de très nombreux et généreux donateurs, que nous tenons vivement à remercier, nous sommes à même d’offrir une planche de prix exceptionnelle comprenant notamment deux magnifiques challenges.

Cette 1ère Course en forêt avec une participation de 150 athlètes, hommes, dames et enfants, remporta d’emblée un véritable succès qui incita les précurseurs Jacques et Marcel à persévérer. L’honneur de la victoire sourit pour cette première édition à Michel Marchon de la SFG Broc en 48’37’’ et à Helen Eschler-Leuenberger de la STB en 58’52’’. Afin de faciliter le classement, chaque coureur disposait d’un dossard sur lequel était agrafé un petit billet portant le numéro du dossard. Les personnes qui se chargeaient du chronométrage manuel à l’arrivée détachaient le billet qui était scrupuleusement planté dans un clou. Ensuite, chaque billet devait correspondre au temps inscrit sur une bande par le chronomètre actionné manuellement lors de chaque passage de coureur.

Dans la semaine qui suivit la manifestation, aussi bien La Liberté que La Gruyère prirent la peine de faire un commentaire élogieux sur la 1er Course en forêt organisée par le CA Condémina de Romont.

Episode no 11

Un nouvel élan au sein du CAC qui devient CARC

Le CAC grandit, affrontant déjà les convoitises de nombreux adeptes de la course à pied. Depuis quelques années, les Jacques, Marcel, Jean-Claude, Albert, Jean-Marie, Philippe, Jean-Marie (Chollet) et Gérard (Chammartin) ne désarmèrent pas et poursuivirent inlassablement leur action en faveur de la course à pied par leur assiduité aux entraînements et l’euphorie de participer aux différentes courses régionales et d’ailleurs.

Après toutes ces tergiversations, la grande décision tomba le 5 février 1982 lorsque l’assemblée générale ordinaire du CAC accepta à l’unanimité de dissoudre le CAC pour donner naissance au nouveau Club Athlétique Romont Condémina (CARC). La lecture du procès-verbal tenu par Jean-Marie (Currat) cite la présence de tous les membres, à savoir : Jacques Baudois, président, Jean-Marie Currat, secrétaire, Marcel Wider, membre du comité, Philippe Boyer, Gérard Chammartin, Jean-Marie Chollet, Joseph Gisler, Louis Gueniat, Jean-Louis Joner, Albert Pochon et Jean-Claude Rossier.

Le premier objet à l’ordre du jour permit à l’unanimité des membres d’adhérer au projet de collaboration entre CAC et la SFG Romont, avec tout de même quelques réticences : l’accent doit être porté sur la course à pied (Gérard, Albert, Jean-Claude et Jean-Marie), sans organisation de loto (Joseph et Jean-Claude).

Après avoir défini le calendrier des courses en 1982, le président leva la dernière assemblée à 22.00 heures.

Assemblée constitutive du Club Athlétique Romont Condémina du 5 février 1982

Sous la présidence de Jacques Baudois, l’assemblée constitutive débuta à 22.00 heures avec seul point à l’ordre du jour : fondation du Club Athlétique Romont Condémina (CARC) avec élection des membres du comité et fixation des cotisations.

D’une même voix, les membres de la nouvelle société acceptèrent, après un débat nourri, d’ouvrir la porte à quiconque, hommes et femmes, désireux d’adhérer au CARC en respectant les buts fixés dans les nouveaux statuts : Le club poursuit les mêmes buts que la FFA, à savoir développer, encourager et diffuser la pratique de l’athlétisme et de la course à pied dans le sud du canton de Fribourg. Le CARC vise aussi la formation de la jeunesse par la pratique régulière du sport et l’apprentissage de la compétition.

Nouveau comité :

Jacques Baudois, président
Marcel Wider, responsable technique
Jean-Marie Currat, secrétaire
Philippe Boyer, caissier
Philippe Deillon, coordinateur CARC – FSG

Cotisations :

Finance d’entrée : CHF 20.00
Cotisation annuelle : CHF 120.00
Cotisation apprenti(e)s et étudiant(e)s : CHF 60.00

A l’issue de cette assemblée qui dura 13 minutes, avant de faire place à la soirée « raclette » offerte par Jean-Claude, au domicile de Jean-Louis et Lisbeth Joner, les vaillants sociétaires du nouveau CARC entonnèrent la danse du CAC sur l’air de La danse des canards conçue avec beaucoup de sensibilité et de créativité par l’artiste attachant du club Joseph Gisler (photos). Durant cette même soirée, l’ambiance grandissante permit aussi de fêter les 30 ans de celui qui avait pris son bâton de pèlerin pour apporter la première pierre à l’édifice de la fondation du CAC et du CARC.

Pour terminer cet épisode, je ne peux m’empêcher de reprendre un texte que Jean-Marie (Chollet) avait écrit au soir du 5 février 1982 : « Heureux du nouvel essor pris par le CAC pour promouvoir le sport athlétique à Romont, je remercie le comité et le président pour son travail et son dynamisme. Je souhaite sincèrement qu’au sein du nouveau CARC l’ambiance restera toujours celle qui était recherchée par les fondateurs du feu CAC ».

Episode no 12

Bienvenue aux dames,  coup de foudre et place aux jeunes

L’avènement du 5 février 1982 ouvrit les portes du CARC non seulement aux hommes mais également aux premières dames. Très vite, Jacques reçut les sollicitations de Chantal Bielman (actuellement Gobet) et Claudine Germond (de Brenles) qui souhaitaient également se joindre aux entraînements de course à pied. Première petite contrainte pour les dirigeants du club, exclusivement masculin, comment intégrer des dames aux séances d’entraînement ?

Finalement, contactée par le président, via Jean-Marie Chollet, Maryline Godel (actuellement  Chollet), professeure de sport à l’Ecole secondaire de Romont (actuellement Cycle d’orientation) accepta de prendre en main les entraînements des dames, quasiment au pied levé, durant quelques mois, juste avant son départ avec Jean-Marie en  Angleterre pour une année sabbatique.

Durant ce laps de temps, quelques membres du club repérèrent une athlète, jusqu’alors inconnue, qui courait régulièrement en forêt. A vrai dire, ses foulées aussi légères que performantes suscitaient déjà de l’admiration.  Approchée par Jean-Marie (Chollet), cette athlète, Dominique Lorenzini, accepta de succéder à Maryline pour reprendre l’animation des entrainements des dames dont le groupe se renforça avec l’adhésion de Brigitte (Wider), Françoise (sa sœur), Esther Blanc et Claudine (épouse de Jacques).

Tous les mercredis, sous la houlette de Maryline, puis de Dominique, le peloton des dames, toujours plus étoffé, se lança sur les parcours de la forêt (Bossens), après avoir débuté à Arruffens (départ à la Condémine), en s’imprégnant de l’ambiance du groupe des hommes qui avaient choisi le lundi pour leurs entraînements.

Rapidement, les féminines prirent toujours plus d’importance au sein du CARC pour se joindre aux différentes courses prévues au calendrier du club et appréhender les souffrances et euphories de la compétition.  Cet engouement permit rapidement à la section « dames » de s’agrandir avec Monique Sugnaux, Marie-Thérèse Bugnon, Béatrice Mauron, Anne Brulhart, Marie-Josée et Madeleine (Oberson) pour ne citer que quelques-unes.

Dans le courant du printemps 1982, Jacques et Marcel, et bien d’autres, furent intrigués par un athlète qui courait régulièrement sur leur parcours d’entraînement. Dans le même temps, Jacques fut abordé par un cadre de l’entreprise Electoverre (par la suite Erié-Electroverre) pour savoir quelles étaient les formalités que devait remplir un coureur provenant des Etats-Unis pour adhérer au CARC. Finalement, le premier rendez-vous fut pris à l’entrée du parcours Vita où Jacques et Marcel firent connaissance avec Sam Winebaum, coureur américain, qui devint rapidement le meilleur athlète du club.

Au fil des entraînements, Sam et Dominique firent plus ample connaissance avant de provoquer un coup de foudre à l’américaine. Elle, genevoise, diéteticienne à l’Hôpital de Billens, a tout d’abord découvert les charmes de notre forêt romontoise où elle prit goût à effectuer ses footings. Lui, Sam, nous vint, comme parachuté, de cette lointaine Amérique pour effectuer un stage dans une entreprise romontoise.

La course à pied peut-elle mener à tout ? Tout au moins, elle déclencha un heureux coup de foudre. Quelle merveilleuse histoire, au fil des rencontres,  nos deux tourtereaux eurent une attirance l’un pour l’autre. Le temps passe puis la grande nouvelle : Sam et Dominique nous annoncèrent officiellement leur futur mariage qui fut célébré le vendredi 28 juin 1985. Hé oui, sauf erreur,  voici le premier, le  seul mariage né exclusivement au sein du CARC Romont. Malheureusement, la même année, nos jeunes mariés s’en allèrent de l’autre côté de l’Atlantique, à Rye dans le New Hampshire pour s’établir définitivement et fonder une famille de deux enfants (Nathan et Hannah), tout en privilégiant leur passion commune de la course à pied.

Avec l’adhésion des dames, puis le renfort d’un athlète de classe quasiment internationale, le CARC Romont poursuivit son développement harmonieux pour devenir un club respecté mais aussi performant en terre fribourgeoise.

Avec cette réputation grandissante, le CARC suscita aussi l’intérêt des plus jeunes pour ne citer que Philippe Ayer,  Christophe Sugnaux, David Reynaud, Alexandre Delley, Olivier Barbey (décédé lors d’un accident), Steve Garo, Olivier Deschenaux, Daniel Barbey, Julien Marchon, Blaise Huguenot, mais aussi Delphine (Cordey), Sylvie (Garo), Céline (Wider), Nicole (Baudois), Sarah (Deschenaux), Véronique (Vial) pour ne citer que certains parmi tant d’autres, qui renforcèrent la section jeunesse. Les entraînements se déroulèrent à raison d’une séance par semaine sous la houlette de Michel Morel puis Jean-Marie Chollet.

Rapidement, ces jeunes athlètes remportèrent de nombreuses courses dans le cadre des championnats fribourgeois d’athlétisme, de cross-country ou encore lors de la finale suisse du Grand-prix jeunesse à Berne.                   

Episode no 13

L’avènement de La Relance » et l’aubaine de La Braderie de Romont 1990

A l’âge de 5 ans, le CARC avait-il besoin d’une certaine « RELANCE » pour poursuivre son épanouissement ? Dans tous les cas, la RELANCE fut éditée pour la première fois le 15 mai 1985 pour servir de journal intime au club. Très vite, ce bulletin acquit ses lettres de noblesse pour retracer la vie de la société, pour transmettre des informations aux membres, notamment les plans d’entrainements ou autres informations techniques,  le calendrier des courses, mais aussi pour permettre à chacun de s’exprimer  sur des questions sportives, médicales ou encore diététiques ou tout autre objet. Durant 10 ans la RELANCE joua un rôle très apprécié pour finalement s’effacer à sa 27ème édition, en mai 1995, pour se plier aux exigences de la fusion avec le Bulletin Sports des sociétés sportives romontoises.

Dans la première édition, nous lisons que les grands événements du club sont… L’annonce des mariages de Jean-Claude Progin avec Gabriella qui sera célébré le 25 mai 1985 et de Sam (notre américain) et Dominique Lorenzini pour le 28 juin 1985. La deuxième édition du 15 octobre 1985 permit à Sam et Dominique d’annoncer leur départ définitif pour les USA à Rye dans le New Hampshire ou encore à certains athlètes de commenter leurs entraînements au Moléson ou encore au Gros Brun (appelé Schopfenspitz outre Sarine).

Au fil des 27 éditions, La Relance permit à chaque membre du CARC de s’informer sur les activités du club mais aussi de commenter la participation à une course particulière ici et ailleurs ou encore de décrire une sortie ou une randonnée organisée durant la saison.

Dans l’éditorial du no 5 de La Relance de novembre 1986, le président écrit : Ces ravissantes « coureuses », de bleu turquoise vêtue, ne passèrent pas inaperçues lorsqu’elles se mêlèrent, avec aisance, au peloton des diverses épreuves de course à pied. Leur élégance naturelle fut parfaitement mise en évidence à chaque foulée qu’elles dessinèrent avec autant d’harmonie. Il ne manquait qu’un survêtement pour protéger ces délicieuses créatures. Ce fut chose faite depuis tout récemment lorsqu’elles participèrent, non sans une certaine fierté, à  l’échauffement de la Foulée d’Argent à Rosé, embellies dans un somptueux équipement. Après la course, les 11 participantes fêtèrent leur performance, avec un brin de coquetterie, dans cette élégante tenue qui a rendu jalouse plus d’une contemplatrice…

Pour terminer cet épisode, il ne serait pas concevable de passer sous silence le feuilleton : le CARC hôte de la Braderie de Romont. C’est en 1989 que notre club s’intégra pour la première fois à cette manifestation en exploitant une belle cantine. Très vite, il y prit une part active en organisant le Grand-Prix de la Braderie pour les jeunes en 1990, mais aussi en remportant le super prix du concours CH 700ème de la Confédération organisé par la BPS l’année suivante, en 1991. A l’instar de toutes les sociétés locales, le club devait se présenter aux visiteurs de la Braderie en alliant originalité et projet d’avenir. Grâce à la mise en scène artistique de Jean-Pierre Demierre mais aussi à l’enthousiasme des 120 membres de l’époque, le CARC décrocha le super bingo de Fr 15’000.00 offert par la BPS et la prime récompensant l’originalité de Fr 1’000.00, ce qui a permis d’acquérir le projet d’avenir, à savoir le bus MERCEDES qui permit de transporter les jeunes athlètes du club, parfois les moins jeunes, durant plus d’une dizaine d’années.

Deux initiateurs du stand-cantine à la Braderie

Episode no 14

Les jubilés du 10ème anniversaire

L’année 1990 coïncida avec les premiers jubilés, celui du dixième anniversaire de la fondation du CARC marqué par une sortie alsacienne et celui de la 10ème Course en foret.

L’escapade alsacienne demeura à jamais gravée dans les mémoires des invités. Voyez plutôt : le premier jour de l’excursion, le 2 juin 1990, les athlètes participèrent à une course de relais de 3 heures près de Neuf-Brisach. Après avoir essuyé quelques gouttes de sueur lorsque le chauffeur du bus, Aloïs, fit mine de traverser un pont signalé « maximum 3 tonnes », nous fûmes accueillis à Vogelsheim par une foule en délire. Hé bien non ! Personne à l’horizon et rien, même pas une banderole ou un quelconque indice ne laissait supposer qu’une course de relais de trois heures devait avoir lieu. Jacques et Claudine, organisateurs, ne semblèrent pas très rassurés. La révolte de leurs troupes ne gronde pas encore mais quelques remarques ironiques fusèrent : est-ce aujourd’hui ? Est-ce le bon lieu ? Est-ce la bonne heure ? Soudain, deux personnes arrivèrent et balayèrent nos craintes par un accueil chaleureux, avant que d’autres bénévoles s’y joignirent sur les lieux pour mettre en place quelques installations (table, ravitaillement) pour tant bien que mal esquisser une zone de départ et arrivée, avec mise en place du balisage du parcours de 1600 mètres longeant un pâté d’immeubles avant de traverser un joli parc boisé.

La première surprise pointa lorsqu’une dame, accourue précipitamment, nous ouvrit les portes de l’église qui alla nous servir de vestiaires. Une église bien pratique qui, à la demande de nos athlètes féminines, fut séparée en deux parties, l’une pour les dames, sous le crucifix qui veilla sur leurs jolis déshabillés alors que les messieurs héritèrent de l’emplacement derrière l’autel.

Famille du CARC Romont en Alsace

Avec une certaine excitation, le moment de la course approcha avec ses vagues d’appréhension d’affronter les redoutables équipes de relais locales. Marcel, grâce à un départ foudroyant, comme à son habitude, aborda en tête le premier virage, puis le deuxième mais céda petit à petit son rôle de leader pour permettre à son équipe de ne plus lâcher celle de dauphin. Quant aux dames, elles placèrent une équipe victorieuse dans le délire que l’on imagine. Après la course, place à la cérémonie des résultats qui eût lieu dans une grande superbement bien décorée de nombreux trophées sur des tables à nappe blanche. Cette cérémonie, sous la houlette du maire de la ville,  permit à tout le monde de déguster un apéritif à mode alsacienne (Rissling et kougelhopf) offert par les autorités communales. A l’issue de cette manifestation, toute la famille du CARC eût hâte de découvrir la vallée de Munster où se trouve le gîte « Les Fougères », surtout ses douches.

Deuxième surprise : quelle stupeur pour tout le monde, surtout les organisateurs, lorsque la patronne nous annonça que les clients allemands avaient tout simplement décidé de passer une nuit supplémentaire. Ce fut la panique à bord. Les tractations s’éternisèrent ; ce qui permit à certains de se doucher, de s’asperger de « sent’bon » pour ensuite traiter avec mépris la cohorte des malheureux encore enduits de poisseuse sueur. Finalement, pendant la soirée, alors que chacun dégustait le délicieux repas alsacien, la patronne nous annonça avec sa baguette de fée qu’une pincée de membres du CARC sera logée par ici, au bas du col de la Schlucht, une pincée par-là, au milieu, une pincée encore au sommet du col. Après une bonne nuit réparatrice et un copieux petit déjeuner, toute l’équipe du CARC parvint à se retrouver sous le même toit. L’excursion se poursuivit sans nouvelle frayeur pour les organisateurs par un repas gastronomique, la visite de Colmar et de Kaysersberg, l’Ecomusée, avant de se terminer dans notre cher pays glânois, à l’aurore du troisième jour. Ce week-end en terre alsacienne, même s’il fut fleuri de surprises, laissera le merveilleux souvenir d’une sortie empreinte d’amitié et de gentillesse.

Classement : 1. ESR Colmar AC juniors = 56 km, 2. CARC compétition = 54.400 km, 3. CARC comité = 51,2 km / (dames) 1. CARC féminines I = 41,6 km

10ème Course en forêt

La Feuille fribourgeoise titrait dans son édition du 20 septembre 1990 : 10ème Course en forêt à l’heure tchécoslovaque ! Cette dixième édition  remporta un véritable succès en franchissant pour la première fois le cap des 600 participants. Le record du parcours détenu par Jacques Kraenbühl depuis 1988 en 44’18’’ fut porté à 44’13’’ par le tchécoslovaque (actuellement tchéque) Lubomir Tesacek alors que sa compatriote Alena Mocariova en fit de même en portant le nouveau record à 53’51’’.

Lors de cette manifestation coloriée par une ambiance chaleureuse et amicale, dans une ambiance musicale, les sportives et les sportifs, ainsi que les spectatrices et spectateurs accourus en nombre, sans oublier la famille des bénévoles, ont apprécié l’esprit de fête qui anima cette dixième édition.

Episode no 15

CARC endeuillé, Camp jeunesse et championnats fribourgeois de cross-country

Hommage par le président dans la Relance no 17 de décembre 1990

« En prenant la plume, je ressens un pincement au cœur car mon objectif, en cette fin d’année, était de retracer les événements qui ont marqué 1990. Que dire devant cette bien triste réalité qui nous a assaillis ce 10 novembre, alors qu’ils nous rejoignaient à la Course de la St-Nicolas à Marly. Était-ce un mauvais rêve ? Nous l’aurions tous souhaité mais il n’en est rien, Astrid, Jean-Claude et Gilbert nous ont bel et bien quittés pour un autre monde (drame de la route)

C’était hier encore, lors de la 10ème Course en forêt, nous étions tous réunis pour la manifestation. Nos chers disparus appréciaient beaucoup cette journée parce qu’elle leur permettait de se retrouver tous les trois. En songeant à ce 16 septembre, je revois Astrid qui, avec passion et savoir, œuvrait pour que le service de la cantine soit parfait et toujours avec beaucoup de discrétion. En passant près de la cuisine, le matin, je savourais l’enthousiasme qui rayonnait sur le visage de Jean-Claude, toujours joyeux de se dévouer à la cause du CARC qui constituait pour lui un prétexte pour revenir en Romandie. Sur le terrain, j’observais l’équipe technique, plus spécialement Gilbert qui ne manquait jamais cette occasion pour s’identifier à l’esprit du club.

Est-ce possible maintenant d’admettre que ces chers sportifs et amis ne seront plus parmi nous, ne nous accompagnerons plus au cours de nos différentes manifestations. Certes, ils le seront intimement dans notre plus profonde mémoire à chaque occasion qui aurait dû nous réunir et surtout, pourquoi ne pas l’avouer, à chaque Course de la St-Nicolas ou encore à chaque 10 novembre.

Que retirer d’une telle tragédie, si ce n’est de la consternation, de la révolte et une profonde souffrance. Ce sentiment d’injustice que l’on pouvait lire sur chacun de nos visages a dévoilé une solidarité interne qui s’est implantée au sein de notre grande Famille. Le besoin d’un rapprochement s’est fait sentir et vous avez été nombreux à participer à ces moments de recueillement. En tant que Président, j’ai ressenti une vive émotion durant ces périodes de tristesse, de désolation. Mon cœur, certes éprouvé comme vous l’avez tous été, percevait tout de même le réconfort de votre présence amicale et chaleureuse aux côtés des familles en deuil, aussi bien à l’église de Torny-le-Petit qu’à celle de Reichenburg.

Qu’Astrid, Jean-Claude et Gilbert, par leur présence toujours intacte dans nos mémoires, puissent désormais nous aider à raffermir les liens d’amitié qui caractérise notre club. A l’approche des fêtes de fin d’année, je suggère que chacun, à son libre désir, puisse participer à l’achat d’une petite attention pour Christelle, Myriam, Céline (filles d’Astrid et Gilbert) ainsi que pour Mélanie et Janine (filles de Jean-Claude) que le sort a privé subitement d’une maman, d’un papa »

Hélas, aujourd’hui encore, après plus de 30 ans, les images subsistent dans nos mémoires d’avoir côtoyé Astrid, son mari Gilbert et son frère Jean-Claude, d’avoir vécu avec eux des moments d’amitié et de sportivité, d’avoir profité de leurs chaleureuses présences au sein de notre grande Famille.

Camp de jeunesse 1992 à Martigny

Chaque année, depuis 1990, le club organisa un camp d’entraînement, dont les premières éditions eurent lieu au centre de sport de Martigny, la semaine sainte (avant Pâques), initialement sous la houlette de Jacques Baudois pour l’organisation générale, Marcel Wider sur le plan technique et leurs épouses Claudine et Brigitte pour l’assistance maternelle. Cette semaine sportive représenta pour les plus jeunes (dès 6/7 ans) une aventure autant enivrante qu’intimidante (surtout pour les plus jeunes) par le fait de quitter le confort de la maison pour vivre en communauté durant une semaine.

La dernière journée permettait aux parents de vivre avec les jeunes une répétition générale de la semaine sous forme de petites compétitions au cours desquelles les jeunes athlètes laissèrent transpirer une certaine fierté devant leurs parents. Les participantes et participants à ces camps ne manquèrent pas, chaque année, de témoigner toute leur reconnaissance à l’instar du camp 1992 sous la plume de Julien Marchon : « C’est sous la pluie que nous avons quitté Romont en direction de Martigny, le lundi matin 13 avril 1992, avec le bus du club. Lundi après-midi, mardi matin, jeudi après-midi et vendredi matin nous sommes allés au stade où nous avons pu pratiquer plusieurs disciplines de l’athlétisme que nous avions rarement eu l’occasion d’essayer. Ces différentes disciplines sont : le lancer du javelot, le lancer du poids, le saut en longueur, le saut en hauteur … Mercredi matin et jeudi matin, nous sommes allés en salle où nous avons fait un parcours chronométré et du hockey.

Chaque jour à midi et mercredi soir, nous étions accueillis au restaurant de La Douane où les repas étaient délicieux. Mardi après-midi, nous avons été visiter le zoo des Marécottes, pendant que les grands couraient le long du Rhône. Mercredi après-midi, nous sommes allés aux bains de Saillon. Jeudi soir, quelques enfants sont allés au luna park pendant que les autres faisaient des sketchs pour distraire les moniteurs et les mamans-poules.

Malgré le temps qui n’était pas toujours très beau, nous avons eu beaucoup de plaisir à participer à ce camp. Un tout grand merci à toutes les personnes qui ont donné de leur temps pour les jeunes du CARC.

Juste avant de vous rendre l’antenne, je voudrais encore ajouter que, sur le stade de Martigny, les écureuils musclés étaient loin de compétitions de très haut niveau, mais ces allumés de course à pied ou d’athlétisme ont brûlé leur carburant avec beaucoup d’enthousiasme, de plaisir de s’améliorer, de se bagarrer ou encore de s’amuser. Cette jeunesse cultivant la passion du sport a procuré aussi beaucoup de plaisir à ses moniteurs et monitrices qui, eux, ne peuvent qu’encourager quiconque à vivre une telle expérience pour une prochaine édition. »   

Championnats fribourgeois de cross-country du 20 février 1994   

Lors de l’assemblée générale du 29 janvier 1993, les membres du CARC acceptèrent avec enthousiasme l’organisation des  54èmes Championnats fribourgeois de cross-country du 20 février 1994, sur mandat de la Fédération Fribourgeoise d’Athlétisme. Le terrain de football du Glaney fut choisi pour accueillir cette importante manifestation réservée aux Ecoliers(ères) C, B, A, aux Cadets(tes) B et A ainsi qu’aux catégories Hommes et Dames. Fort d’un comité d’organisation (Jacques Baudois à la présidence, Marcel Wider à la responsabilité technique et Maurice Sugnaux à la responsabilité des départs notamment) efficace et compétent, le club romontois signa ces championnats fribourgeois de main de maître pour offrir aux compétiteurs un parcours attrayant et aux spectateurs un spectacle garanti. En dépit des conditions météorologiques difficiles, les nombreux participants réservèrent une touche chaleureuse à cette manifestation, malgré le froid, le vent et la boue.   

Côté organisation, cette journée exceptionnelle se déroula dans la bonne humeur même si les cafés schnaps ne parvinrent plus à réchauffer les officiels en charge de missions… à l’air du temps. Les conditions déchainées de la météo n’eurent pas empêché les spectateurs, invités et autres supporters d’accourir en nombre au Glaney.

Les couronnes de laurier récompensèrent deux vainqueurs sympathiques et méritants, à savoir Nelly Marmy, membre du CARC, et Eric Nicolet, sociétaire du CA Farvagny. Plus de 300 athlètes, garçons et filles, jouèrent les acteurs de cette formidable journée sportive pour le plaisir du sport et dans le respect de cette parole : « Pour vivre mieux, courez plus et mangez moins ! Peut-être même, ainsi, vivrez-vous plus longtemps… si vous y tenez tant. »

Quelques jours après son triomphe, Nelly Marmy quitta la Suisse pour l’Australie pour un projet d’une année financée par la Confédération au sein de l’université de Melbourne dans le domaine de la psychologie sportive.

Chronique fribourgeoise 1994 : 20.02.94 Championnat fribourgeois de Cross à Romont: en l’absence des ténors, le pistard Eric Nicolet s’impose. Come-back de Patrick Vienne. (L. 20.02.94)

Nota bene : aucune photo n’a été prise par un membre du CARC lors de ces championnats fribourgeois en raison de l’engagement important de chacun et le temps exécrable qui régnait au centre du Glaney le jour de la manifestation.

Episode no 16 et FIN

Deux décennies, faits marquants et synthèse

Excursion dans le Beaujolais pour les 20 ans

Pour marquer les 20 années d’existence du CARC, une quarantaine de personnes se sont laissées emporter dans le Beaujolais par l’Oiseau Bleu pour le week-end prolongé de la Pentecôte du 10 au 12 juin 2000. Au programme de ce voyage jubilé : une visite de cette magnifique région dans la convivialité et la sportivité. Au préalable, Claudia, Frédéric, Claudine et Jacques s’étaient rendus sur place pour affiner l’organisation de cette excursion beaujolaise.

La grande famille du CARC, avec ses coureurs/coureuses et leurs accompagnant(e)s, au nombre de 42, au petit matin du 10 juin 2000, s’est engouffrée dans un beau bus bleu pour rejoindre le Beaujolais et passer une première journée de découvertes sportives. Après avoir pris son quartier à l’Hôtel Campanile de Dardilly, toute la bande se rend à Régnié-Durette pour vivre une course pédestre digne d’un jubilé : la « Course des 12 Beaujolais » ; ce qui a permis aux coureurs et marcheurs de se réjouir de moments magiques tant par la beauté du paysage viticole que la qualité des ravitaillements sur un parcours de 12 km. En fait, les participant(e)s eurent l’occasion, à chaque kilomètre, de déguster un ravitaillement hors du commun se composant d’une spécialité régionale et ses 12 appellations. A vrai dire, à ce jeu, ce ne sont pas les coureurs  les plus chevronnés qui squattèrent les premières places du classement, bien au contraire,  puisqu’ils  trouvèrent places dans la dernière partie du classement  en franchissant la ligne d’arrivée avec une certaine euphorie mais heureux d’avoir vécu un tel événement. Hé oui, ils ne s’étaient pas rendu compte que chaque appellation correspondait à un produit viticole (Fleurie, Régnié, Brouilly, Chénas, Julianas, Chiroubles, Moulin-à-vent, St-Amour, Beaujolais-Village, Morgon et Beaujolais).

L’après-course, tout d’abord réservée au rétablissement des sportives et sportifs et à la « pasta party » géante, se termina par un impressionnant feu d’artifices. Lors du retour à l’hôtel, suite à un violent orage, des trombes d’eau exceptionnelles endommagèrent tous les accès routiers si bien que notre chauffeur devait viser entre deux ornières, avec l’aide de quelques valeureux membres du club, pour tenter de se sortir de cette situation devenue de plus en plus périlleuse.

Après une nuit pleine de souvenirs, tout le monde fut convié le lendemain au Hameau Duboeuf, « ancienne gare de Romanèche-Thorins » dans un cadre exceptionnel pour un apéritif-dégustation convivial avant de découvrir une restauration traditionnelle régionale, au gré de différentes attractions. De retour à l’hôtel, la soirée fit place à un dîner du Jubilé dans une ambiance chaleureuse et amicale.

La troisième journée emmena tous les adeptes du CARC à Villefranche sur Saône, capitale du Beaujolais, qui jouit du label Ville et Pays d’Art et d’Histoire, à la découverte de son circuit des trésors cachés avant de regagner ce cher coin de la Glâne, la tête pleine de souvenirs et d’émotions.

30ème anniversaire et ses festivités

Les années passent et le CARC fête déjà ses trois décennies d’existence. Pour immortaliser cet événement, sous l’impulsion de son président Maurice Sugnaux, le comité organisa différents événements dont en particulier le renouvellement des équipements, la vente de saucisses à rôtir, la sortie à Dijon du 22 au 24 mai et l’accueil de l’assemblée générale de la FFA du 3 décembre 2010.

En route vers la Bourgogne

49 membres et 5 accompagnants firent le voyage en direction de Dijon, capitale de la Bourgogne, pour y passer trois jours de réjouissance. Le samedi 22 mai fut consacré à la course « La Foulée du lac de Kyr » où les conditions étaient magnifiques sur un parcours plat et bucolique autour du lac de Kyr qui se métamorphose en plage durant l’été. Sébastien Buchs avec un temps de 35’38’’, Nicolas Kessler, 37’13’’ et Jean-Claude Pache, 37’42’’, occupèrent les 10ème, 16ème et 18ème places. Chez les dames, les meilleures athlètes du CARC furent Karine Joye, 1ère en V1F  (41’17’’), Isabelle Defferrard, 4ème en SEF (44’29’’ et Virginie Dutoit, 5ème en SEF (44’46’’), de même que Lise-Louise Gremaud et Dadie Page respectiement 1ère et 3ème chez les séniores.

La journée du 23 mai permit aux membres du club de visiter l’Imaginarium (dégustation de vin) à Nuit St-Georges avant de faire place, en soirée, au repas du jubilé au restaurant Gril’Laur au centre de Dijon où les papilles gustatives apprécièrent les mets et vins de la Bourgogne.

Le lundi 24 mai, tous les membres du club jubilaire et leurs accompagnants embarquèrent vers Besançon pour une visite libre avant le retour à Romont.

Cette excursion en Bourgogne fut l’occasion de vivre à nouveau des moments mémorables qui marquèrent la vie du club de façon inoubliable.

30ème Course en forêt

Durant cette même année, le CARC organisa la trentième édition de la Course en forêt qui remporta l’un des plus brillants succès avec 845 participant(e)s.  Les nombreuses animations de circonstance, avec notamment un groupe de cor des alpes, donnèrent à cette manifestation une véritable touche festive.

Les conditions météo estivales permirent aux organisateurs et nombreux bénévoles, tout en s’investissant dans les différents postes de travail,  de passer une journée festive chaleureuse, dans un esprit d’équipe.

Adieu Maurice

C’est avec une vive émotion que toute la famille du CARC Romont a appris la disparition de son président et ami, Maurice Sugnaux, le 19 février 2014 (rupture d’anévrisme). Quelle consternation ressentirent tous les membres du club suite à cette tragique séparation, beaucoup d’incompréhension, de douleur, de tristesse.

(Extrait de l’hommage rendu par Jacques Baudois lors de la cérémonie d’enterrement)

« Maurice s’était joint au groupe d’entraînement du CARC alors que le club venait tout juste d’être fondé. Rapidement, il s’est distingué non seulement par son talent d’athlète mais aussi par sa gentillesse, son enthousiasme et son dévouement.

Au fil des années, Maurice est devenu un coureur à pied de haut niveau admiré de toutes et tous. Il faisait honneur au club en accédant régulièrement dans les hauts du classement.

Lors des premières éditions de la Course en forêt, Maurice avait pris la responsabilité de la gestion de la cuisine. Pour ceux et celles qui le connaissaient, cette fonction n’était pas vraiment sa tasse de thé mais il est parvenu à fédérer une équipe de spécialistes qui sut combler la lacune du chef.

Les qualités humaines de Maurice furent appréciées au sein du CARC et, tout naturellement, il a répondu aux sollicitations en assumant tout d’abord la fonction d’entraîneur avant d’entrer au comité le 29 janvier 1993 pour y remplir la fonction de chef technique.

Lors des séances d’entraînement, Maurice est parvenu à imprégner de ses talents de sportif tous les athlètes du CARC, souvent à la sueur de leur front au gré des exercices de vitesse ou de file indienne. Il savait tellement bien nous transmettre sa volonté que son dynamisme et ses encouragements parvenaient même à nous faire oublier le poids de l’effort.

En 2006, il fut élu à la présidence du club à l’unanimité de l’assemblée. Durant 8 ans, il fut un président tellement apprécié. Il débordait d’innombrables qualités qui lui permettaient de diriger notre club avec une grande sérénité et efficacité. Sa maxime, avant chaque séance de comité : ce soir, on termine à 21.30 heures !

A chaque manifestation, Maurice savait diffuser un bel esprit d’amitié et de convivialité en trouvant toujours les bons mots d’encouragement qui permettaient à chacun et chacune de se surpasser et de vivre l’émotion du sport.

Avec bonheur, avec loyauté et le discernement qui le caractérisent, Maurice a accompli son engagement au service du club avec compétence et générosité. Toute l’équipe du comité, les entraîneurs et animateurs, sans oublier les athlètes, devinrent des orphelins.

Ce que nous avons partagé avec Maurice, nous devons le continuer et le réussir comme il l’a fait avec tant de cœur et d’humanité durant toutes ces années. Cher Maurice, tu resteras d’autant plus présent parmi nous et sache que nous ne t’oublierons jamais. Pourquoi, Maurice, ne nous as-tu pas laissé le temps de te dire adieu. Adieu Micou, tu nous manques déjà beaucoup. »

Aujourd’hui encore, Maurice, avec les autres personnes qui nous ont quittés, Astrid, Gilbert, Jean-Claude, Pierre-Yves, Marthe, Lise-Louise, Michel, Pierre, Nicolas  et d’autres proches du club,  ayant toutes et tous marqué la vie du CARC  par leurs empreintes, demeurent présents pour celles et ceux qui les ont connus. A vrai dire, ils sont toujours présents dans nos esprits, lors de nos différentes manifestations. Cela m’inspire une citation de Martin Gray :

Être fidèle à ceux qui sont morts
Ce n’est pas s’enfermer dans la douleur.
Il faut continuer de creuser son sillon, droit et profond.
Comme ils l’auraient fait eux-mêmes.
Comme on l’aurait fait avec eux, pour eux.
Être fidèle à ceux qui sont morts, c’est vivre comme ils auraient vécu.
Et les faire vivre avec nous.
Et transmettre leur visage, leur voix, leur message, aux autres.
À un fils, à un frère, ou à des inconnus, aux autres, quels qu’ils soient.
Et la vie tronquée des disparus, alors, germera sans fin.

40ème anniversaire et la crise sanitaire

En 2020, le CARC devait réunir ses membres pour une quatrième excursion afin de les emmener en Haute-Savoie séjourner au Village Vacances Les Becchi à Samoëns. Les organisateurs, Fanny Baudois, Vincent Mauron, Jean-Marie Chollet sous la houlette de Monique Bruegger, avaient prévu d’offrir aux membres du club de nombreuses activités toutes aussi ludiques qu’attractives en journée et en soirée. Les inscriptions étaient sur le point de boucler lorsque Corona fit son apparition en terre helvétique après avoir été identifié en janvier 2020 en Chine. Hé oui, le couperet tomba le 13 mars 2020 lorsque la Covid-19  chamboula la vie quotidienne de tout le monde par les nombreuses mesures de restrictions prises par Conseil fédéral afin de protéger la santé de la population.  

Rapidement, le comité, avec le team d’organisation, prirent, avec regret, la décision de renoncer au voyage jubilaire, suite à l’état d’urgence instauré par la Confédération et, notamment la fermeture de la frontière avec la France.

Annulation de la 40ème Course en forêt

Dès le 8 octobre 2019, le groupe de travail composé de Carole Gobet-Papaux, Isabelle Scheurer (secrétaire), Denis Joye, Frédéric Bifrare et Jacques Baudois (responsable) s’était fixé plusieurs objectifs en plus d’apporter une touche festive à la 40ème Course en forêt, à savoir d’augmenter la participation pour atteindre les 1000 participants et surtout de surprendre les participants par un parcours à l’envers (ce qui devait être secret jusqu’au coup de pistolet). Cette édition devait être royale avec l’instauration d’une nouvelle catégorie « Entreprises/Sociétés, des animations par la Guggenmusik « La Décapsuleuse » et le Cor des Alpes l’Echo du Val de la Sonnaz, sans oublier le château gonflable pour les plus petits.

En été 2020, le comité d’organisation de la 40ème Course en forêt, en accord avec le groupe de travail en charge d’apporter une note festive à cette manifestation, dut également prendre la décision, en date du 1er juillet 2020, d’annuler cette quarantième édition de la Course en forêt, la mort dans l’âme.  

En 2021, quel bonheur pour tous les membres du club, leurs familles, les bénévoles, d’organiser la 40ème Course en forêt sur le parcours mythique de la Montagne de Lussy, malgré les restrictions sanitaires. Après une année de relâche, chacune et chacun a retrouvé la joie d’accueillir quelques 300 participant(e)s heureux de vivre cet événement malgré les conditions météorologiques exécrables   

Touche Finale de Jacques raconte

Au cours de ces quatre décennies, la vie du CARC fut riche sur le plan sportif et humain grâce à l’engagement de nombreuses personnes qui s’investirent avec enthousiasme et passion tout au long de son existence. Chez les adultes, le club eut la chance de compter sur des animatrices et animateurs d’entrainements compétent(e)s motivé(e)s et disponibles ; ce qui favorisa une excellente ambiance, gage de stimulation pour les nombreux athlètes.

Au sein de la section « jeunesse », au fil des années, plusieurs monitrices et moniteurs parvinrent à motiver un grand nombre de jeunes, garçons et filles, non seulement à la course à pied mais également à la découverte des différentes disciplines de l’athlétisme. L’objectif fut et est toujours de diffuser à ces jeunes l’art de ce sport par l’apprentissage de la course, du lancer et du saut ; ce qui permet de développer leur motricité et leur sens de l’équilibre.

Grâce à la disponibilité et aux compétences de tous ces coachs, le CARC eut l’immense honneur de glaner une multitude de médailles en compétitions fribourgeoises et d’excellentes performances sur le plan national.

Dès la fondation du CARC, un grand nombre de personnes s’engagèrent aussi au sein de son comité dans le but d’offrir aux adeptes de la course à pied une base solide pour la pratique de la course à pied, les sorties à vélo, les camps d’entraînements, et toutes autres manifestations, sans oublier bien sûr la prestigieuse Course en forêt.

40 ans et 5 président(e)s

 1978 – 1993

La période pré-fondation sous l’appellation CAC (Club athlétique Condémina) ainsi que celle allant jusqu’en 1993 fut l’apogée de Jacques Baudois, fondateur, qui lança le mouvement pour l’amener à l’âge adulte.

1993 – 2006

Sur cette lancée, Marcel Wider, cofondateur, reprit (tout naturellement) les rênes du CARC en poursuivant l’action vers un développement harmonieux du club.

2006 – 2014

Avec le retrait des deux fondateurs, Maurice Sugnaux apporta un nouvel élan pour dynamiser la pratique de la course à pied, notamment au sein de la section « jeunesse ».

 2014 – 2018

Suite au décès tragique de Maurice Sugnaux, alors vice-présidente, Carole Papaux Gobet reprit la présidence et parvint, avec ses qualités de rassembleuse, à donner une touche féminine à la direction du club vers son épanouissement.

Dès 2018, Pascal Richoz, sachant allier humour et conduite, se charge toujours à merveille de tenir sa baguette de chef d’orchestre du CARC en favorisant une ambiance amicale et chaleureuse propice à un avenir riche en succès.

Synthèse

Me voici arrivé à l’issue des mes recherches pour vous conter les différents épisodes de la vie du CARC Romont. Ayant été à l’origine, avec mon ami Marcel, de la fondation de ce club qui a acquis au cours des ces 4 décennies ses lettres de noblesse dans le sport athlétique, j’ai ressenti souvent beaucoup d’émotion à « revivre » les nombreuses facettes de l’histoire de notre club.

Honoré du diplôme de Président d’honneur depuis le 29 janvier 1993, je ressens régulièrement beaucoup de fierté à vivre et suivre les nombreuses activités du CARC Romont, en particulier lorsque nos athlètes participent aux différentes courses populaires ou les plus jeunes à certains meetings d’athlétisme.

De nombreux faits marquants ont ressurgi au cours de la mise en page de cet historique. Je songe à l’équipe « fermée » des 5 du CAC, à l’ouverture du club qui est devenu CARC, à son adhésion à la FFA, à ma participation à de nombreuses courses, fier de porter le maillot du CARC durant environ 35 ans, à la tragique disparition d’Astrid, de Gilbert et de Jean-Claude suite à un accident de la circulation, à toutes les éditions de la Course en forêt que j’ai présidé durant une quinzaine d’année, avant de passer la baguette à Marcel Wider, mais surtout animées à 40 reprises, à l’organisation des camps jeunesse à Martigny, sans oublier le bonheur de présider les 13 premières assemblées et autant de comités d’organisation de la Course en forêt.

La vie du CARC m’a aussi donné l’occasion de me réjouir du mariage de quelques membres et de la naissance de plusieurs enfants, des nombreuses victoires remportées par nos athlètes et surtout de toute l’amitié, la convivialité qui caractérisent la grande famille du CARC.

En terminant, je dois aussi avouer qu’à travers le CAC, puis le CARC, j’ai pratiqué la course à pied qui eut un effet salvateur sur ma vie tant privée que professionnelle en raison de ses bienfaits sur la santé.

Je remercie du fond du cœur toutes les personnes qui ont crû en mon projet de fonder ce club, je songe à Jean-Marie-Currat, Albert Pochon, Jean-Claude Rossier et surtout Marcel Wider qui m’a initié à la course à pied en 1978. J’exprime toute ma reconnaissance à Claudine, ma chère épouse, ainsi qu’à mes deux filles Nicole et Eva, de m’avoir permis de vivre sereinement cette belle aventure.

Jacques Baudois, fondateur